Open 2017 Colombie n°1 – FAI II Roldanillo, Valle de Cauca

par | 30 Jan 2017 | Inclassable | 0 commentaires

Je m’étais promis de nous faire un petit retour d’expérience, de l’open de Colombie, Roldanillo valle de Cauca 2017!
C’est une belle semaine que nous avons passé avec Renaud (un Ex du CHVD, et qui en est quelquefois prestataire de biplaces), sous la douceur colombienne, un poil contrariée par une météo trop humide.
Tout commence par des retrouvailles avec des potes du Team CAN que nous avions rencontrés il y a un an ici même.
Le monde du parapente est petit, nous le savons tous, et le monde de la compète l’est visiblement encore plus, c’est presque tautologique!
Chacun y vient avec ses objectifs, de performance, mais également de progression technique et mentale, et par dessus tout ceux-ci, celui qui tire tous les autres: avoir du fun!

Nous arrivons donc tôt samedi matin après un voyage qui aura mis 24h depuis notre point de départ…

Samedi : Manche d’entrainement
Le ciel est gris, il a plu à peu près toute la nuit. Le décollage est bien bouché.
Sans vraiment y croire, nous montons au déco pour assister au premier Briefing.
3 bus de la compagnie locale de transport, magnifiquement peints de parapente et delta assure la navette sur les 10km qui nous mènent de la place principale, devant l’église, au décollage officiel. Le moment phare qui rythme la montée, c’est lorsque l’on doit descendre du bus pour permettre le passage des gués sans que le châssis du bus ne touche.
C’est en général à cet endroit là que Pal Takats, en plein entrainement pour la X-alps de cet été rattrape le bus en courant.
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On nous y indique la possibilité ce jour de voler et poser sur le stade de Roldanillo (Rolda)
Vers midi, ça s’est bien ouvert et nous décollons, les thermiques sont biens mous, mais nous laissent quand même la possibilité de monter au plafond, de partir en cross, beaucoup de pilotes étrennent leur nouvelle Zeno, la voile qui pour tout compétiteur est attendue pour en donner respectivement beaucoup plus/autant pour autant/beaucoup moins d’exigence.
Après 1h40 de vol, de thermique en thermique, la vallée passe à l’ombre des alto stratus, et ça pose. Zarzal, une ville située à 5km en ce qui me concerne, et ceux qui poseront au stade de Rolda auront la surprise d’être accueillis par une foule en délire massée dans les tribunes, filmés et le film diffusé en boucle durant la semaine sur l’écran géant qui ornera la toute nouvelle place centrale de Rolda.
Nous n’aurions pas volé bien davantage de toute façon, avec la fatigue du voyage et les 6h de décalage horaire.
Le reste de la journée sera occupé à ajuster le PTV d’une part en allant chez le coiffeur, et d’autre part en faisant la provision de fruits (exceptionnels Bananes, Maracuyas, Ananas, Avocat Mangues)
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Dimanche : 1ere Manche
Un beau parcours d’une soixantaine de Km, comme nous en aurons quotidiennement, le briefing est fini, les heures d’ouverture de la fenêtre et du start sont définies, nous nous apprêtons.
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La pluie aussi.

Nous nous abritons comme nous pouvons, essayons de protéger le matériel comme nous pouvons, certains utilisent des feuilles de bananier photo_3.jpg d’autres se mettent sous les gros arbres de la forêt, cela ne vas pas durer.
Après 5 min, la pluie redouble, le sol ne boit plus, des ruissellements de boue s’écoulent sur le sol, nous nous efforçons d’éviter que nos matériels soient touchés…

La manche est annulée, la pluie s’arrête, certains s’envoleront rejoindre la vallée en volant, d’autres comme nous en bus irons réaménager la décoration de leur appartement en y faisant sécher leur voile détrempée…
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Lundi : 2em manche
Le décollage est devenu du fait de la pluie un champ de bataille, boueux donc glissant à souhait, difficile de rester propre dans ces conditions.
La manche est définie malgré tout, 60km, La union / Rolda / la victoria et goal a Rolda.
La fenêtre est ouverte, 45 min avant le start, de quoi bien se placer.
Les 15 premières minutes, on vole sous la pluie, c’est cool car je reste bien au sec sous ma Goretex. Voler sous la pluie c’est le mal, c’est dangereux même parce que ça alourdi la voile et qu’on peut décrocher, tout ça……
Mais moi je suis hyper prudent, je sais que j’irai poser si je dois essuyer mon masque une deuxième fois parce que je n’y vois plus rien avec les gouttes d’eau collées sur sa surface.
C’est tout bon, là ou la grappe se forme avant le start, il ne pleut plus, mon masque a séché avant que je n’ai du l’essuyer la deuxième fois comme prévue, et le Vario GPS m’indique que la manche est ouverte. Feu! Direction B1, je suis bien placé. Pas mal de guns se font poser, et moi je gère bien mes points bas, je progresse, je suis peut être même dans le groupe de tête.
B1 claquée, je vois encore un gun se poser sous moi. B2 à Rolda, c’est reparti pour un A-R, je pense que j’ai un bon rythme, et le ciel est sympa.
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B3 claquée, retour vers le goal. Gros point bas les pieds dans les cannes à sucre, ça remonte doucement, puis plus vigoureusement, c’est bon avec 100m prévu de hauteur d’arrivée au Goal, il ne me reste qu’à pousser pour boucler. La masse d’air porte super bien, j’arrive au goal avec 500m. A compter les ailes qui y sont, je suis dans les 20! excellente perf.
Trop content, c’est trop cool de scorer sur la première manche.
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C’est étrange, d’habitude il y a plus de monde au Goal, et un bus pour nous ramener. On m’indique qu’en fait, du fait de la pluie la manche a été annulée avant le start. J’étais sur une autre fréquence. C’est une bonne leçon, car avant cela je ne sais pas ce que j’aurais fait si j’avais su en direct que la manche était annulée. Maintenant je sais ce que je dois faire dans ce cas là, lorsque la manche est annulée alors que les conditions sont bonnes pour moi: faire la manche, car après tout, on est là pour voler non?

Mardi : 3ème manche – Belle météo
Je ne suis pas du tout dedans, la preuve, je ne me rappelle même plus ce qui s’y est passé, je sais juste que je pose déprimé vers la Victoria, après 23km

Mercredi: 4ème manche
Les paroles du Directeur d’épreuve (DE) sont assez surréalistes au moment de lancer la manche et d’ouvrir la fenêtre:
“Il risque fortement de pleuvoir, la manche sera probablement annulée en l’air, maintenant vous avez le choix de décoller rapidement, ou de vous y opposer et demander à ce qu’on annule avant de décoller et, en conséquence de devenir très impopulaire.”
La question de la popularité a t’elle vraiment un sens lorsqu’il s’agit de la sécurité?
Le ciel est menaçant
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Avec une trentaine de pilotes, je me mets en l’air un 40aine de minutes avant le Start, nous sommes biens placés dans une belle grappe compacte et organisée, sous un nuage gris foncé à 1900m en milieu de vallée.
La grappe, c’est quelque chose de particulier, on la redoute parce que ce n’est jamais confortable de passer parfois à 50cm d’un extrados, mais on s’y fait finalement, et on comprends vite que c’est le meilleur moyen de tenir et d’avancer, la grappe a la capacité de scanner la masse d’air de matérialiser les zones qui montent le plus vite.
C’est parfois difficile d’éviter de ne pas rentrer dans le nuage car ça tire bien à certains endroits. 5min après mon décollage, la fenêtre de décollage est fermée car il pleut. 2min avant le start, et parce que la fenêtre de décollage n’a cumulativement pas durée suffisamment longtemps, la manche est annulée. Peu importe, c’est parti, feu vers le nord.
Le nuage sous lequel nous étions au start grossit, se développe au fur et a mesure que je progresse au nord, dans le bleu. La première heure et demi, on arrive à tenir le rythme, en avançant plus vite que la progression du nuage: Pierre 1 nuage 0, la demi heure suivante, 1 partout. Enfin, la dernière demi heure le nuage gagne. Gros rideau de pluie orageuse 2km derrière, belle augmentation du vent, le nuage aspire fort, et la masse d’air devient globalement ascendante, brefs tous les signes indiquant qu’il faut poser.., vite!
Chose faite sur le stade d’Obando, ou une ribambelle de gamins rigolos se pressent pour venir m’aider à leur façon et discuter.
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C’est fou comme le parapente peut faire rêver, et comme ce regard extérieur nous fait le miroir de cette dimension magique qu’a l’activité, celle que l’on a parfois tendance à oublier quand, déprimé, on n’atteint pas nos objectifs.

Jeudi : 5ème Manche
Tous les indicateurs sont au vert concernant la météo, tous les pilotes en l’air pour le start. 50min après 115 des 140 pilotes sont au sol, sans même claquer le start et j’en fait partie. Peu importe, quand les conditions ne sont pas là, elle ne sont là pour personne. Presque personne: 2 pilotes boucleront cette manche de 600pts

Vendredi : 6ème manche
Bouclée, pas trop mal placé, les joies d’une belle grappe de start au début
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et une fin en rentrée au goal comme on les aime: 18km sans enrouler, depuis le dernier thermique!!
Fête a l’appart le soir même avec les francophones (canadien / belge / suisse et le français de l’organisation, Marta son épouse colombienne nous a préparé un somptueux Sancocho, spécialité locale a mi chemin entre le pot au feu et l’osso-bucco
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Samedi : 7ème et dernière manche
Excellentes sensations au start, au plafond au nuage à 2400m dans la montagne photo_10.jpg
pour une première branche de 10km, alors que certains plus bas se font brasser dans la brise.
De très bons thermiques, enroulés avec un concurrent de la future X-alps 2017, bien placé, un peu en retrait, j’arrive a court-circuiter une partie de la trajectoire prise par le groupe de tête qui a du temporiser au relief en attendant que la plaine s’allume davantage. Je le rattrape donc en plaine. Mais 400m trop bas dans le thermique, c’est à dire pas dans la couche ou les Vz sont les meilleures, je perds le rythme et dois traverser la vallée quasi seul. J’arrive en face, claque la balise B3, et ne trouve rien de significatif, comme beaucoup je pose au 40ème km après 2h40 de vol, avec d’excellentes sensations et un petit sentiment d’inachevé, celui la même qui presque chimiquement maintient la motivation au top et cultive l’envie!

Il se sera passé évidemment bien d’autres choses en off des manches, comme soirées sympas et autre gros délires, et tout n’est pas systématiquement racontable par écrit…

Maintenant, il faut se préparer à rentrer, à saisir les occasions qui se présenteront en 2017 pour continuer la partie!!

C’était donc une belle semaine (et je l’ai déjà écrit!!), un plateau de haut niveau, avec pas moins de 3 concurrents de la X-alps 2017. Les pilotes d’Enzo2 passés sous Zeno font des merveilles, en volant a fond tout le temps sans consommer leur mana. Certains pilotes passés sous Zeno en venant de voiles plus accessibles signent des perfs très en retrait de ce qu’ils faisaient 1 an avant! Tout le monde apprend. La vallée de Cauca est le paradis des pilotes crosseurs et compétiteurs en cette saison, le climat est super sympa et les récupes évidentes avec la pratique de quelques mots d’espagnol

(Merci a Ryan et Renaud pour les photos) ​

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