La Conquête de l’Ouest: A l’ouest, y’a du nouveau!

par | 28 Oct 2013 | Randos | 0 commentaires

C’était le 27 septembre 2013.

Rendez-vous à Saint-Nazaire, 6h15. Il fait nuit encore. Dans ma voiture « C’est si bon » m’apporte la pêche nécessaire pour aborder cette journée. C’est si bon de marcher en montagne ! C’est si bon de descendre des sommets en volant ! C’est si bon de le partager avec quelqu’un !

Aujourd’hui c’est tendance Ouest. Fabrice nous a concocté un parcours avec des décollages « occidentaux » ! Autant le dire, c’est Fabrice l’architecte du parcours. Et quel parcours !

6h45. Col du Coq. Direction… La Dent ! C’est parti ! Ce que j’aime bien avec Fabrice c’est la simplicité de l’échange. On ne se connait pourtant pas beaucoup (première rencontre pour une trilogie l’année dernière) mais en chemin, on parle très facilement de choses intimes. Pas de retenues. La marche est propice dirait-on. Dans le ciel, en montant, on voit des croissants de nuages. Petites pauses sur le chemin pour apprécier le paysage. Nous voilà arrivés là-haut, le soleil se lève à peine… C’est parti, Fabrice en tête, je décolle dans la foulée, direction la Scia dans un atterrissage « improbable ». En contournant les crêtes qui s’illuminent, j’ai les larmes qui montent. « Quelle chance nous avons ! » me dis-je. Et là, ben, c’est parti, et avec une finesse légèrement inférieure, je DOIS rester maître de mon aéronef et « suivre sans suivre » mon coéquipier. Sacré Fabrice ! Atterrissage en dévers avec des arbres piquants à éviter, que j’évite presque. 7 minutes de vol calme, rangement dans la pente, et … c’est reparti !

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2eme rando, direction Dôme de Bellefont. L’idée De Fabrice, pour cette journée c’est d’aller jusqu’au Granier (il est joueur !), c’est donc grosso modo un cap au nord. Dans la montée, la conversation est toujours au rendez-vous ! On retrouve désormais le soleil qui flirte avec les lances de Malissard, éblouissantes !

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Arrivés là-haut, en contrebas, des dizaines de chamois, à peine dérangés par notre présence, continuent leur pâture. Etalage des voiles, Fabrice décolle, enfin presque ! Il recommence. Toujours pas… Bon, c’est à moi d’ouvrir le chemin on dirait ! Décollage quasi-sud avec un beau virage à 180° juste après avoir quitté le sol… Je retrouve les chamois qui courent à flanc de montagne 50 mètres plus bas. Quelle chance (d’avoir finalement décollé en premier) ! Vol très court, 3 minutes, et pourtant quel plaisir. L’idée c’est d’aller le plus loin possible au nord, mais entre les cailloux et les arbres on s’est quand même posé pas mal de questions…. Après avoir entrevu la vallée du Grésivaudan sur la droite et rencontré des presque-thermiques, voilà, je suis posé. Fabrice atterri pile poil au même endroit (Hééé ! Attention à ma voile quand même ;-)). Son troisième déco aura donc été le bon ! Ah oui, au passage on rencontre et discute avec un paysan qui a ses vaches pas très loin… Il nous demande si nous sommes les personnes qu’il attend pour son rendez-vous. Vous imaginez, arriver en parapente à un rendez-vous ?!! Finalement, on replie les voiles, et on sort les sandwiches.

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Let’s go ! Direction L’Alpette. Alors, plutôt par le haut ou plutôt par le bas ? Ce sera … par le haut ! Avec un dénivelé moyen mais une marche un peu longue en dévers. Fatiguant pour ma cheville gauche. C’est marrant, je parle de moins en moins ! Je commence à ressentir un peu de fatigue, Fabrice plus entrainé ouvre le chemin, parfois je le rattrape, parfois il me distance un peu. J’accuse le coup comme on dit, j’envoie un petit sms (y’a pas beaucoup de réseau en Chartreuse !) à ma chérie pour trouver un peu de courage et pour lui donner des nouvelles. Bon ce sentier n’est pas super balisé, nous voilà en train de faire un bout de « désescalade ». Mais… on est tous les deux sur la même longueur d’onde et je rassure Fabrice : « à l’aventure ! ». Finalement, on n’ira pas jusqu’à l’Alpette. On dirait que plus on avance plus elle recule ! Dans un geste quasi-rituel, Fabrice arrache quelques herbes et les lance au vent pour tester la direction. D’où je suis, j’ai l’impression qu’il les envoie dans la direction qui l’intéresse, ce que je ne manque pas de lui faire remarquer 😉 C’est bon, ça souffle dans le bon sens. Direction « Les Varvats », ou plus si on peut… Contrés un peu par l’ouest on avance le plus possible pour un atterrissage avec les vaches (et y’en a une qui ressemble à un taureau alors on ne traine pas pour replier… !) En bas, de l’eau « non contrôlée » sort d’un tuyau et franchement, elle est bonne !!! On refait le plein des gourdes. Inespéré !

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4ème rando… direction le Pinet. Ouh là là, y’a 800 mètres de dénivelé qui nous attendent avec un chemin plutôt incertain. Fabrice sort et range la carte plusieurs fois et on essaye de trouver notre chemin… En passant, dans un champ, des crocus à perte de vue… ! Ca nous semble étrange pour la saison, mais bon « Y’a plus de saison !». Pour être honnête, j’en ai vraiment ch… (excusez du terme !).

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Ca commence par une montée énOOOrme. Fabrice commence à mettre sa casquette de coach car je n’y crois plus vraiment… Faut dire que je ne suis pas du tout équipé montagne (classique donc, ça me plait bien d’avoir un matériel unique) et Fabrice, en bon coéquipier me propose de prendre ma voile… je refuse d’abord… puis finis par accepter. Ah ça fait du bien un sac léger ! On est parti pour un peu plus de 3 heures de montée avec des petits bouts d’escalade (facile) et des moments d’incertitude. Je ne parle plus du tout…! Mais avec Fabrice pas de problèmes, quand on parle on parle et quand on parle pas ben on parle pas ! Là-haut, le Pinet, enfin te voilà !

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J’ai presque plus d’eau, Fabrice à peine. Décollage pas facile car court, j’aide Fabrice à décoller et me voilà seul là-haut… En plus, j’ai SOIF ! Et là, providence, deux touristes arrivant de nulle part me demandent si j’ai besoin d’aide. Oh que oui ! Et je leur demande de l’eau au passage…. Aaaaah, de l’eau, c’est bon !! Pas facile de décoller car je n’ose pas me mettre franchement côté falaise là où c’est alimenté. Au bout du 3ème essai, aidé par le monsieur, c’est parti. Côté touriste, ça doit faire bizarre de voir quelqu’un se lancer comme ça ! Fabrice, où es-tu ? Je ne le vois pas, on s’est donné rendez-vous sur la piste de ski, à mi-chemin avant le Granier. Je cherche…. personne… On a « convenu » qu’on ne prenait pas trop les thermiques… je m’en tiens à ça… et je pose du coup plutôt en bas. La piste est grande… l’attéro moyen. Et là, je vois un truc qui bouge tout la-haut… j’ai compris, il a pris les thermiques et a posé là-haut… Enfin peut-être. Je sens que ça va être dur…

5ème… Pas de réseau. Pas de radio. Plus d’eau… Est-ce Fabrice que j’ai vu en-haut ? Je suppose que oui et c’est parti. Je suis en transe dans la montée. C’est la première fois que je marche autant, avec un gros sac en plus…! J’avance « à l’énergie » comme dirait Fabrice… En haut, le Granier peut-être… Je n’en peux plus, je commence à chanter n’importe quoi pour me donner du peps. Quand soudain je lance un « EEEEEHOOOO ! » Et réponse de Fabrice, quelque part !! Je continue ! Je comprends désormais, Fabrice a posé tout là-haut (100 mètres du sommet) mais est redescendu pour venir m’aider.

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Et heureusement ! Je le retrouve donc après une petite heure, en transe donc (il a entendu mes chants bizarres ;-)) et je lui laisse mon sac sans faire de chichis… A peine croyable cette épopée, étant donné mon entrainement… mais je continue… Je ne parle plus du tout. Silence radio ! Fabrice ouvre la marche avec un peu d’avance, je le perds puis je me perds… Le soleil commence à baisser et je ne suis pas encore arrivé… Bon, je me ressaisis un peu et fini par retrouver le chemin. Arrivé là-haut, après mes derniers pas d’ascension… un chamois juste là à quelques mètres ! La vie est Belle ! J’y suis arrivé… il reste un petit bout de pseudo-plat pour rejoindre la croix plus au nord. Et voilà Fabrice qui m’attend… « Il faut qu’on y aille ! ». La croix sur notre droite, voiles étalées, le soleil couchant… 20 heures et quelques. 14 heures de marche. 5 randos… C’est un peu irréel comme situation. Fabrice décolle face à l’ouest. Creux à gauche. Croix à droite. Et d’ailleurs, ça tire franchement à droite au déco (est-ce la croix qui nous attire ?!) Bon, l’idée c’est de pas perdre trop de temps car sa femme vient nous chercher en voiture dans la vallée mais elle a un timing à respecter ce soir! C’est parti, je me lance à mon tour et … ça tire franchement à droite aussi, en plus la voile ne veut pas monter… Je n’insiste donc pas et repose la voile. Et là ! Je tente de redécoller sans remonter vraiment et ré-étaler proprement. Mais y’a quelque chose qui va pas. Quoi ? J’insiste un peu, mais non, ça me dit « Non, n’insiste pas, descend du parapente, tant pis pour le timing, au pire je dors là-haut, pas d’impasse sur la sécurité !!! ». J’avais « tout simplement » un tour de sellette qui s’est fait lors de la repose de la voile… « Merci Manu de ne pas avoir transigé sur la sécu ! ». C’est reparti ! Ça tire à droite (décidemment quelle attraction cette croix), mais je suis prévenu, alors je contre, un peu trop, ça part à gauche, évidemment… et puis …me voilà en l’air, youhou !, pour 20 minutes de vol dans la nuit qui tombe… ! Ah oui, depuis le premier déco foiré, je parle à haute voix, tout seul ! Parler tout seul m’apporte alors une certaine lucidité ! Pendant le vol, pareil, je parle ! Avec la luminosité qui baisse et le retard de 10 bonnes minutes… impossible de retrouver Fabrice… Mais pour l’heure, il faut gérer l’atterrissage le mieux possible, près de la nationale. Etant donnée la fatigue physique et psychique, je me propose un atterrissage « grand seigneur » (tout ça à haute voix !) quitte à ne pas aller aussi loin que Fabrice, SECURITE ! J’entends siffler en bas mais n’y prête pas attention, je suis hyper concentré sur l’atterrissage, avec un vol très calme et long et de plus en plus sombre. Enfin, j’atterris près de la route dans un champ « grand seigneur » rasé de près. L’arrondi est parfait. Je suis très satisfait de cet attéro et satisfait surtout de ne pas avoir fait l’impasse sur la sécurité là-haut…

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Epilogue:
J’appelle Fabrice pour savoir où il est. Lui a retrouvé sa femme qui est venue nous récupérer. Et… les voilà déjà, ils m’ont vu passer au-dessus, Fabrice a alors sifflé (c’était lui !) et a imaginé où j’allais atterrir. On remballe ma voile de nuit-ou-presque… et dans la voiture, ça sent « un peu » la transpiration, nous dit sa femme ! Ah bon, bizarre ?!! Il ne nous reste plus qu’à remonter au col du coq pour reprendre la voiture… ce que nous faisons avec un ravitaillement en eau mentholée au passage !!! Quelle journée ! Quelle expérience ! Quelle chance ! Sur le coup, je ne voulais plus entendre parler de rando. Avec le recul, ça va mieux maintenant ! Merci Fabrice pour cette « Quintalogie » et ces 14 heures de périple rando-vol-partage ! Merci aussi d’avoir porté ma voile quelques temps et d’être redescendu me chercher pour aller au Granier.

Emmanuel, pour le CHVD*

Et pour conclure
Fabrice qui nous a concocté une vision Google Earth ajoute:
Nous l’appellerons “la conquête de l’ouest” car elle enchaîne tous les décos ouest entre la Dent de Crolles et le Granier : Dent de Crolles – Dôme de Bellefont – Alpette – Pinet – Granier.

Une super aventure alternant marche et vol : 3000m de déniv. de l’aube au crépuscule. Si des personnes veulent des infos, n’hésitez pas!

Des décos faciles: Dent de Crolles, Dôme de Bellefont, Alpette puis plus techniques et nécessitant d’être alimentés en ouest: Pinet et Granier

A retenir :

l’atterro sur la Scia à partir de la Dent : finesse limite et quelques épineux à l’arrivée mais intéressant (échappatoire à Perquelin).

un chemin délicat à trouver pour remonter au Pinet

une variante possible à partir du Dôme de Bellefont (vol au dessus du col de la Saulce puis remontée du vallon)

un bouclage à finir?

Itinéraire: vol en bleu, marche en rouge !
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