WE du 5-6 avril 2008. Météo France un peu optimiste nous annonce des plafonds à 3000 (on table plutôt sur 2300-2500) avec une bonne instabilité de basses couches et léger nord-nord ouest. Bref, des conditions idéales pour un petit circuit Chartreuse-Belledonne.
Vendredi soir, sympathique invitation à diner avec Juliette chez Hakima et Marc.
Quel rapport avec le vol libre? Aucun, mais le tajine était, hmmm…, exquis, avec des petits morceaux de citron confits, je ne vous dis que ça… Et le bourgogne ? Ben y-en-a plus non plus 🙂
Bref, on se régale, on papote et… Arghhh, minuit et demie : encore une heure de route pour rentrer et demain il faudra se lever de bonne heure pour poser Juliette à l’école. Ah oui, et puis aussi aller voler. Vraiment trop dure la vie, mais on ne va quand même pas laisser passer cette première vraie belle journée de la saison. Ca serait gâcher.
Samedi matin, vraiment pas assez dormi.
En montant par St Naze, mon saint du moment, j’en vois un qui finit de traverser le Manival. A tout juste 10h45 ça se confirme, ça va être tout bon.
On se retrouve au Chamois avec Marc et Jean-Pierre pour un bon café qui, vu la taille des allumettes que j’ai plantées sous les paupières, ne sera pas un luxe.
11h30 : direction la moquette. Au passage on récupère Bernard – mes respects M’sieur le Président – et Serge.
On mange un morceau, petit coucou au stage reprise, bise à Séverine, petit briefing (on décolle, ensuite on voit) et on finit de se préparer.
12h40, et hop, après une petite prière à Ste Rita, patronne des causes désespérées, je saute dans le trou : même pas mort. Je vais finir par croire que c’est efficace 🙂
Un petit tour de thermique au pilier sud histoire de tâter la masse d’air et en route pour le St Eynard.
Ca vole facile. J’essaie pour la première fois le pilotage aux arrières et la Magic prend une super glisse. Pas même un virage jusqu’aux tunnels : hé hé, ça a l’air de plutôt bien marcher.
Un petit plein à Château Nardant (1300m) histoire d’assurer un raccrochage sans trop de galère et un autre petit une fois traversé, puis banzaï, à l’assaut du St Eynard – toujours la même technique de pilotage. On y prendrait presque goût tant c’est efficace.
Au Fort, je retrouve Jean-Claude dans le thermique, trois petits tours et puis s’en vont…
Sur le retour, je mesure les limites de mon pilotage aux arrières sur une sortie conjuguée d’un thermique cyclopéen et du domaine de vol. Maintenant je sais ce qu’il faut travailler, pour les jours ou je m’ennuierai en l’air, mais ça ne me dissuade pas de continuer, ça plane vraiment trop bien 🙂 Je continue donc d’avancer malgré les protestations de Jean-Claude qui travaille méticuleusement son sur place 😉
Donc tout droit jusqu’au bec Charvet, un petit plein à 1750 avant d’attaquer la combe sud de la dent de Crolles où je remonte à 1800 puis presque tout droit jusqu’au Grand Manti. Un plein à 1950 avant de traverser à St Même sur le Pinet puis direction le col de l’Alpette.
Au Granier, l’office du tourisme du pilier sud décrète unilatéralement que le tourisme c’est bien mieux à pied et m’accueille avec 700m de dégueulante dont je n’arrive pas à me sortir. N’écoutant que mon courage je prends valeureusement la fuite et, en cherchant un atterro au col du Granier, je repère une petite maison (pas vu si elle était bleue) au sommet d’une minuscule colline, au centre de la seule tache de soleil du moment. L’attéro de la dernière chance en quelque sorte et… bingo, ça zérote.
N’étant pas d’un naturel contrariant : ça zérote ? Zérotons donc. Je me cale dans la sellette et entreprend de remonter doucement, mètre après mètre, quand : “PAN”.
Damned, ce n’est pourtant pas la saison de la chasse. Et puis ils devraient bien savoir que je ne suis pas comestible. En regardant autour de moi, de chasseur pas de trace, mais plutôt une petite sangle de 10cm qui vient de céder – l’ancrage de la planchette de rallonge – et je me retrouve à moitié bancal, sans véritable appui sellette à droite, en train de décaler dans un thermique naissant, 50m au dessus de la forêt. Cool…
Voyons le coté positif des choses : j’enroule à gauche donc il n’y a pas urgence.
Un sens inné des priorités (vraiment pas envie de marcher et encore moins de faire le singe) m’intime l’ordre de remonter : pas le choix, je m’accroche et 15 minutes plus tard, coucou le pilier sud me revoilou, à 2300, après avoir bricolé mon cale-pieds pendant la montée. Les appuis ne sont pas super précis, mais ça vole. De toute façon on ne fera pas mieux – je ne suis pas Mac Gyver – et puis je n’ai ni scotch, ni ficelle, ni trombone, ni baleine de soutien-gorge sous la main.
Petit tour à la croix du Granier, petit thermique aux Rochers de l’Alpe et feu sur Belledonne à 2050, premier barreau. Super transition à 8.5 de finesse moyenne – décidément ça commence à vraiment me plaire ce pilotage aux arrières – pour raccrocher le St Genis à 900m. Petite remontée tranquille en appui dans le thermodynamique et la brise de Chambéry, puis petit thermique jusqu’au sommet du St Genis. Je cherche un peu, sens une bonne ascendance sur la droite – une bonne bulle partie de la combe sud du St Genis – et, oubliant le peu d’appui à droite de ma sellette flambant d’occaz (modèle modifié Granier 2008), me jette dessus par réflexe. Aïe, je loupe l’entrée et me retrouve dans cette combe sud, à me faire plomber sous le vent. Pas le temps de prospecter, ça ne pose pas par là, ou alors dans les arbres, et la sortie est verrouillée par une magnifique ligne haute tension.
Exit donc sur les avant reliefs, même si c’est la vache à peu près assurée. Au Mollard je reprends 100m dans un thermique pianissimo, me laissant 3mn d’illusion… Mais le Mollard, on a beau dire, ça n’est quand même pas le Granier et me voici bientôt à Tencin sur le plané final avec Lumbin en ligne de mire, surfant les bullettes décrochées par le flot de voiture circulant sur la départementale.
Tenir pour rentrer dans les 3km et boucler… Je me cramponne à tout ce qui passe et pose après 3h30 de vol à Champs près Froges, pile au droit du funiculaire.
En l’air je vois passer un Jean-Claude vengeur qui se pose à Lumbin, ainsi que Jean-Pierre, Serge, et d’autres…
D’après la trace GPS, je suis bien à moins de 3km… de l’atterro de Lumbin, mais pas de ma balise de départ que je loupe de 400m et je ne boucle pas.
Grrrr, 10cm pour 400m…
Fred.
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