Cross à Bisanne

par | 5 Juin 2025 | CR Vol, Cross | 4 commentaires

Lors du pont de l’ascension, la météo annonçait de gros plafonds le vendredi et le samedi: 2500 m en Chartreuse, plus de 3000 m dans le Beaufortain, et même 4000 dans le massif du Mont Blanc.
Après un faux départ le vendredi 30 mai (Grosse inversion et tas généralisé à St Hilaire), on se donne rendez-vous le 31 à 10h au sommet de Bisanne. Là on espère pouvoir profiter des gros plafonds en décollant au dessus de l’inversion.
Danielle et moi passons la nuit sur place, dans notre camping car.
Le matin, pourtant, ça ne semble pas mieux parti que la veille: 16° à 8h à 1700 m sur les pistes, et ciel voilé.
À 10h00, on se retrouve à 5 du club à 1940 m au déco… Mais c’est toujours très stable, et visiblement il va falloir attendre longtemps avant que l’inversion saute.
On discute. On fait des plans optimistes, avec un aller-retour vers Chamonix, mais j’avoue que je n’y crois pas du tout : Les quelques locaux qui décollent font tous des ploufs.
Il y a bien une manche d’accro, mais on ne voit rien du tout.

Il y a du spectacle quand même, mais sur le parking : Un club Alpine-Renault arrive, avec en particulier une vingtaine de spiders décapotables. Ça n’est pas écologiquement correct, mais ça en jette !

Finalement, un peu avant midi, deux biplaceurs décollent, et commencent à monter.
On veut y croire, et on se prépare.
Mais ça n’est pas si simple de décoller : Le thermique est vraiment faiblard, et ne prend pas le dessus sur le météo d’ouest. Ça reste complètement travers droit au déco.
Jacques et Damien se lancent quand même, et commencent à enrouler. Nous autres, on attend une hypothétique bouffe de face… qui n’arrive jamais. Finalement après un quart d’heure d’attente, je me lance à mon tour. Effectivement ça gonfle sans problème malgré le vent de travers. Mais Jean-Jacques et Titus renoncent, et remballent le matériel.
Ils comprennent bien après, mais trop tard, qu’il y avait un autre déco en ouest, où ça aurait sûrement été plus facile de décoller, face au vent.

Le déco de Bisanne

J’aurai toujours un quart d’heure de retard sur Jacques.
Au début ça monte assez bien dans des petites bulles désorganisées qui montent de la face sud-est au dessus de Beaufort. C’est un peu turbulent, car elles partent sous le vent météo d’ouest, mais rien de méchant. Je pars vers l’est à 2400 m.

Les Saisies, et Bisanne derrière

Au fur et à mesure qu’on avance vers l’est, l’aérologie se calme, puis devient même agréable. Et les plafonds montent vite. 2800 m sur la colline après Les Saisies. 3300 m à l’Aiguille Croche et au Mont Joly.

L'Aiguille Croche et le Mont Joly

À l’Aiguille Croche, Damien nous abandonne et transite sur la Pointe Percée. Je ne sais pas ce qu’il a fait ensuite.
De son côté, Jacques a transité directement sur le Brévent.
Moi je fais une halte au Prarion. Je l’imaginais courte car il y avait un petit cumulus bien formé au dessus… Sauf que je n’ai pas trouvé la pompe. Je perds 10 minutes à prospecter, avant de péniblement regagner ce que j’avais perdu sous d’autres barbules plus au sud. J’aurais dû faire comme Jacques.

Le Prarion, et les Aravis et Varan derrière

À l’approche du Brévent, les conditions changent du tout au tout. Ça monte très fort, mais c’est aussi très très turbulent. Un vrai rodéo. J’assure le strict minimum pour assurer le retour face au vent d’ouest, et je fuis vite la zone.

Le Brévent et Chamonix

Autant c’était malsain au Brévent, autant la sortie de la vallée se passe mieux que prévu: Au large du relief, ça monte tout le long, sans turbulence , et je sors de la vallée 600 m plus haut que j’y étais rentré.

Du coup je peux faire un tout droit vers l’aiguille de Varan, sans passer par la case Passy.

Le déco de Passy

Et ainsi je rattrape une partie du temps perdu: J’arrive au niveau du déco des Chalets de Varan au moment où Jacques quitte le sommet.

Le déco des chalets de Varan

La pompe derrière le déco est un peu faible, mais elle me monte d’une traite jusqu’en haut.

L'aiguille de Varan et le désert de Platé

Je transite vers les Aravis, et j’y arrive au moment où Jacques quitte la Pointe Percée pour le Grand Bornant. Son objectif est de traverser l’intérieur des Aravis, le lac d’Annecy, puis l’intérieur des Bauges, pour rentrer en vol à Grenoble. (Jean-Jacques ramenant la voiture !)

La Pointe Percée

Arrivé à mon tour au plafond, je décide de ne pas le suivre:
– Il n’y a pas de cumulus dans l’intérieur des Aravis, et je crains une inversion comme la veille, dont on n’arriverait plus à sortir. (En fait j’ai eu tort, ça sortait très bien.)
– Danielle qui rentre sur Grenoble avec le camping car n’a pas du tout envie de traverser les Aravis et les Bauges pour faire voiture balais.
Du coup, je pars le long des Aravis, avec juste pour but d’aller le plus loin possible vers Grenoble.

La Pointe Percée et les Aravis

Je pars en face ouest, pensant que vu l’heure, ça ne peut que devenir meilleur. En fait, ça le faisait tout aussi bien des deux côtés.
Meilleur plafond de la journée au dessus de La Clusaz, avec 3580 m.

Le Col des Aravis, vu de 3500m

Par contre, à 3500 m, il y a un bon 20 km/h de sud-ouest qui contre. Même accéléré je n’avance pas vite, et je perds vite de l’altitude.
Je passe au large du Charvin, de peur de me retrouver sous le vent d’une épaule… Bien m’en a pris car un excellent thermique m’attendait là où j’ai passé l’épaule, et m’a remonté à 2900 m. Du coup, je peux rejoindre directement la Dent de Cons, sans avoir besoin de revenir sur l’arête principale des Aravis.

Transition vers la Dent de Cons

J’arrive très bas dans la face nord-ouest de la Dent de Cons, mais ça n’est pas grave, car la brise d’Annecy est bien là. Je refais 1500 m de gain facile une autre voile de passage.

Mais au sommet je fais une erreur : Voyant une autre voile à près de 3000 m à 1 km au sud, je quitte la pompe à 2700, pour la rejoindre… Sauf qu’à la pointe sud de la Dent de Cons, je ne trouve rien.
Départ un peu bas pour l’Ébaudiaz, sous un voile qui se densifie.
Je rejoins sur place quelques voiles qui descendent inexorablement, et je ne fais pas mieux qu’elles. Posé après Sainte Hélène sur Isère, après un petit 100 km très sympa (Sauf à Chamonix).

Un quart d’heure plus tard, Danielle arrive.

Et une heure plus tard, on récupère Jacques au pied de Brame Farine, vaincu par le même voile dense.

La trace de mon vol:
https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20379061

La trace du vol de Jacques:
https://www.xcontest.org/world/fr/vols/details:JacquesBayol/31.05.2025/09:46

La vidéo complète de mon vol, accélérée 25 fois:



4 Commentaires

    • Salut !
      Je pense que tu m’as confondu avec un autre pilote. J’ai décollé un peu après vous (vous étiez déjà vers le Mont Joly)

      J’ai fait un point au Brévent, dans une masse d’air très désagréable, puis j’avais en tête d’aller vers le Parmelan.

      En arrivant au-dessus de la Pointe Percée, j’ai décidé de poursuivre sur les faces ouest des Aravis, plutôt que de partir sur le Grand Bo (passage d’un voile, pas de cums, et personne en l’air). Finalement, c’était sûrement une erreur, parce que ça devait bien reprendre. Après le plaf à La Clusaz, la fin du vol a été laborieuse, à vivoter sous la Tête à Turpin en espérant sortir.

      Je tente de passer une première fois, mais je me fais enfoncer sous le vent. Deux pilotes tentent avec 50 mètres de plus et réussissent à sortir… Après un deuxième échec, je décide de me jeter directement au pied des Dents de Lanfon pour finalement poser à Doussard. Deux heures les pieds dans les arbres, un vrai écureuil !

  1. @Damien: Content de savoir que tu as fait un beau vol aussi.
    Je suis sûr d’avoir entendu quelqu’un en radio annoncer qu’il transitait à 3200 du Mont Joly vers la Pointe Percée, et j’ai crû que c’était toi. J’ai une radio a double tuner, et ça devait être quelqu’un d’autre sur la fréquence FFVL.

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