Cantal Air Tour 2023

par | 25 Juil 2023 | Compétition | 0 commentaires

Jeudi 6 Juillet

Fin de journée, les derniers mails sont envoyés, la journée de travail se termine un peu plus tôt car la route est longue pour rejoindre le Cantal. La voiture de Laurent est chargée des parapentes et des sacs de bivouac. Camille, un pilote Savoyard, membre des Zeleph, est embarqué dans le covoit à Bourgoin. 

Après 4h de route et une pause ravitaillement, les tentes sont montées pour la première fois du weekend à quelques km du village du Claux, le lieu de rendez-vous pour le briefing et le départ de la course le lendemain. 

Vendredi 7 Juillet

Les parapentes et les sellettes sont empaquetés. Les sacs avec le nécessaire de bivouac pour chaque pilote sont rassemblés et donnés à l’organisation qui les acheminera chaque jour sur les différents lieux de bivouac. 

La course est une compétition de type “course aux points”, aucun parcours n’est imposé. Une vingtaine de balises GPS sont disséminées à travers tout le massif et le but est d’en rejoindre le plus possible. Les balises les plus proches du centre du massif d’où les concurrents démarrent rapportent 100 points, les balises un peu plus éloignées sont récompensées de 200 points et enfin, les balises les plus lointaines, à la périphérie du massif sont gratifiées de 300 points. 

Départ du Claux le vendredi. Tout le monde doit arriver le soir au Bivouac de la Gravière. Le lendemain, il faudra se rendre au Bivouac de la Combe de la Saure. Le dernier jour, il faudra revenir au Claux, le goal.

Entre le briefing et le départ, les stratégies sont discutées entre les participants autour d’un petit dèj servi à l’école de Parapente Puy Mary. Le vent est de la partie et va pousser la plupart des concurrents à une grosse journée de marche lestée des parapentes. L’option prise par certains est de partir avec des mini-voiles et de tout petits sacs afin de couvrir des distances plus importantes en courant. Pour ceux dont le fardeau est plus lourd, l’espoir est qu’il se révèle utile pour couvrir de la distance en vol si, malgré tout, les conditions météo sont moins mauvaises que annoncées. 

C’est parti pour 11 km de bitume
Le trio de choc, Laurent, Guilhem et Sébastien pour la première balise de l’aventure : le château d’Apchon +300 pts

Le départ est donné à 10h, ça s’éparpille dans tous les sens. Direction le nord pour 11 km de route vers la balise du château d’Apchon qui rapporte 300 points. Ca enchaîne ensuite par une traversée du plateau du Limon pour rejoindre le décollage d’Embec. De là une première possibilité de vol se dessine avec l’espoir de couvrir un peu de distance dans les airs.  Des pilotes ont pu profiter d’ascendances et couvrir ainsi plusieurs dizaines de kilomètres. Ces rêves sont vite effacés, après une courte lutte dans des thermiques hachés par la brise, l’atterrissage en fond de vallée est inévitable. 

Le plateau du Limon qui descend vers les plaines. Au fond, le Puy de Sancy.
La 15ème clôture franchie lors de ces 3 jours de ballade. Sur un total de … ~267+-100 ! La plupart sans échelons.

C’est reparti pour 8 km de bitume jusqu’à la ville de Murat et sa statue de la Ste Vierge qui marque le centre de la balise qui s’y trouve. Il est déjà 17h30 et plus de 12 km de sentiers restent à parcourir pour rejoindre le Puy de Sécheuse, la dernière balise du jour qui surplombe l’objectif final, le bivouac de la Gravière. Il faut le rejoindre avant 20h pour marquer les 500 points du but. Il y a 35km/h de vent de sud-est qui ronfle sur la crête, aucun espoir de décoller du sommet.

Sébastien sur la départementale 3 qui arrive à Murat

A 19h40, plus bas dans la descente des pentes nord-ouest, une petite étendue d’herbe sans arbustes est alimentée d’un petit vent de face.  Un vol inespéré permet de boucler la journée avant la fin du temps réglementaire.

Droit dans la pente, à travers les buisson de Myrtilles sous le Puy de Sécheuses. Le bivouac se trouve au village de la Gravière, en bas.

Bain frais dans la rivière qui borde le lieu de bivouac. C’est idéal pour la récupération musculaire des quasi 50 km de marche de cette longue journée.

Le repas, copieux et calorique, est servi dans la salle des fêtes du village.  

Distance totale ~ 50 km

Distance à pied ~ 45 km 

Distance en vol ~ 5 km

Samedi 8 Juillet

Malgré une tempête de vent qui agite les tentes et fait frémir les arbres toute la nuit, le sommeil est réparateur. 

Cap plein sud vers le Puy Mary. Cette partie du massif est très belle avec des mélanges de roches basaltiques et de prairies luxuriantes. 

Le sommet centrale du massif : le Puy Mary
Laurent décolle du col de la Brèche de Roland

Le local de l’étape, Sébastien, est confiant sur la possibilité de voler jusqu’au col de Legal, à 10 km de là. Le vent du SE et le relief donnent un appuis dynamique qui permettent, en effet, 30 minutes après avoir décollé de rejoindre le col et d’y poser. La balise validée, le ravitaillement en eau est agrémenté d’une dégustation du fromage local, le fameux cantal “entre deux”, confectionné sur place dans le buron du fermier qui nous accueille. 

Redécollage au Puy de Bassierou pour tenter de rejoindre l’Elancèze. 1800 m d’altitude avant le départ en transition, c’est peut-être possible de faire la balise en vol. Cependant, le vent, toujours SE, est trop fort et force l’atterrissage en catastrophe sous le col du Pertus. 

Le moral est excellent après ces deux vols et la montée pour rejoindre la balise est ombragée. Un troisième vol permet de traverser la vallée, posé à mis pente pour se rapprocher de la balise la plus méridionale de l’aventure, le déco de Vic. Laurent parvient même à poser quasiment au sommet.   

Petite séance de gonflage avant de s’élancer vers Vic

De là, le retour vers le nord, à pied, sera long. 10 km de plat montant sur un dôme herbeux en plein soleil. Le cumul de la fatigue de la veille et des ampoules aux pieds commencent à se faire sentir. 

Les Salers locales sont assez curieuses de voir passer tout ces bipèdes et leurs gros sac à dos
S’il n’y a pas une vache dans le paysage quelque part, ce n’est pas le Cantal !

Heureusement, le Puy de la Cède, 600 m de dénivelé plus haut, donne un excellent appuis pour monter en soaring. L’instant est magique dans les lumières rasantes du soir et son aérologie calme. Ce vol permet de terminer la journée en rejoignant le bivouac, situé au Buron de la Combe de la Saure. 

L’endroit est sublime, il est complètement isolé au milieu d’immenses prairies d’herbes avec les Puy du Cantal en arrière-plan. 

Recto – Bivouac de la combe de la Saure
Verso – Bivouac de la combe de la Saure

Un bon bain froid pour la récup dans l’abreuvoir à vache (sans savon bien sûr) permet de faire disparaître, un peu, les courbatures. 

Le repas est servi par les propriétaires du buron. Le menu est rustique et local : pounti ou salade de lentille en entrée, truffade Auvergnate et plateau de fromages (bleu, cantal, salers). 

Distance totale ~ 57 km

Distance à pied ~ 27 km 

Distance en vol ~ 30 km


Dimanche 9 Juillet

La nuit est très calme et apporte un repos indispensable pour envisager la dernière journée de l’épreuve. 

Elle commence par un vol dès les premiers rayons du soleil pour descendre du plateau du Cantal jusqu’à un fort sous le Rocher de la Boyle. Un petit moment suspendu dans les airs et dans le temps avant de louper la balise du rocher de quelques mètres. La remontée à pied dans les pentes pour valider le cylindre de 400 mètres est obligatoire.

Décollage avec les premiers rayons de soleil

Le chemin remonte en quasi ligne droite jusqu’au lieu du bivouac. La montée se poursuit en duo jusqu’au sommet du Plomb du Cantal. Le trio avec Sébastien est reconstitué en attendant l’accalmie du vent qui permet de s’échapper par les airs vers le Puy Griou. Encore  un atterrissage scabreux avant de remonter chercher un décollage sous le sommet. 

C’est reparti. La convection et le vent portent les ailes jusqu’au Puy Mary. Il faut ensuite jouer avec le relief et le vent pour éviter les passages sous le vent. L’itinéraire pour rejoindre le Puy Violent puis le Col de Néronne impose cependant quelques moments de turbulences et de doutes. 

1900 m d’altitudes au dessus du Suc de Rond

Un thermique salvateur juste avant le col permet de poursuivre vers le nord. En cheminement, un petit aller-retour permet de rejoindre le col d’Aulac avant de poser au sommet du Suc de Rond. Explosion de joie et de soulagement une fois au sol. Il ne reste plus qu’à redécoller et rentrer au goal au village des Claux. C’est chose faite 30 minutes plus tard. 

La tradition ne change pas, d’abord un bain frais dans la rivière pour se rafraîchir, puis une bière à l’école de parapente Puy Mary. 

Distance totale ~ 54 km

Distance à pied ~ 15 km 

Distance en vol ~ 39 km

Chaque pilote déclare les balises qu’il a pu rejoindre dans la journée. Les scores sont calculés. 

Camille Ponsonnier remporte cette édition 2023. Laurent et moi terminons deuxième ex-aequo. Après avoir partagé toute la course ensemble, c’était logique après tout de terminer main dans la main après ces trois jours d’aventures. Ce podium à 4 est complété par Vincent Ramond.

Le podium à 4 ! Heureux d’être content !
Sur la première marche du podium féminin, Marie Kouklevsky. Elle est suivie par Luce Compagnone et Victoria Saunal.
Un autre podium à 4, avec les 2 équipages biplace qui ont participé. Stephen Lesobre et Céline Clément accompagnés de Tristan Loiseau et Théo Granier.
A deux, ou trois, on va moins vite, mais on va plus loin ! Sébastien, local de l’étape, nous aura accompagné dans nos aventures et donnés de bonnes astuces pour voler ici ! Merci !

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