Vol du 24 mai 2010, 187 km

par | 7 Juin 2010 | Cross | 0 commentaires

Rendez vous est pris près de Grenoble pour partir tenter un décollage de Montgirod,dans le massif de la Vanoise, entre Moutier et Bourg st Maurice ; site mythique d’où se fait de nombreux vols de plus de 200 km, nombre un peu magique par la quantité et la beauté des paysages qu’il représente.

But du voyage : Annecy, Chartreuse et retour .

Nous sommes 16, Stephane Drouin est venu avec un groupe pour battre un record du monde (vitesse sur 200 km), record qu’il a battu !) .

Il y a eu pas mal de stabilité les jours précédents, et je préfère me mettre en l’air dans les derniers, histoire de ne pas faire un tas dés le matin.

Quelques uns rament un peu et un premier cycle profite à une bonne partie des pilotes déjà en l’air. Je décolle vers 11 h 40, mais en fait de cycle, je ne trouverai le thermique salvateur que 25 min plus tard …

Plusieurs sont partis vers le grand Mont par la combe, à l’est du déco, direction le Parmelan , au nord d’Annecy ;ça me semble bien enneigé, je préfère partir par la suivante, la pointe de combe bénite, ça commence bien, les thermiques sont sympa +4 +6 , très doux comme on en rencontre le soir d’habitude vers St hil.

Ce début de vol est très agréable, je trouve facilement chaque thermique, pas violent mais assez fort pour monter rapidement au nuage vers 2800 m , et tout de suite une jolie transition le temps d’admirer le paysage, les sommets du Beaufortin encore bien couvert de neige avec ces prairies qui grignotent la limite entre le vert et le blanc, dessinant une drôle de frontière.

Je passe ainsi facilement le grand Rognoux et le mont Mirantin pour arriver à Bisanne à coté des Saisies, près d’Ugine.

Avant d’avoir eu le temps de chercher le thermique je vois une belle grappe de parapentes enrouler à ma droite, je fais rapidement 2700, et direction le Charvin, j’arrive assez haut pour être à l’aise, vers 1700 m
Une ozone R10 est partie un peu derrière moi à ma hauteur, m’a doublé et est arrivé 500m avant moi et 200 m plus haut …, j’ai une idée de ce que sera ma prochaine voile !

Le Chavin est un peu turbulent, mais grâce à la douceur des précédents thermiques je suis assez frais, et je ne vole que depuis 1h 30 30 km de faits, si j’oublie les 30 min perdues juste après le décollage, la moyenne est bonne, je préfère voire les bouteilles à moitié pleines …

Direction la tournette en face est, je sais que ça reprend bas, en passant je ne trouve rien sur sulens, à mi chemin , j’ai le gaz et la finesse pour continuer.

Ça reprend bien, quelques voiles zonent bien bas en dessous …je préfère ma place à la leur …

Je repends rapidement 2500 m derrière la Tournette, puis 2700 m sur Cotagne en nord est de la Tournette. Pour le moment ça se passe plutôt bien, la traversé des Aravis a été magnifique, belle suite arêtes enneigées aux multiples sommets avec juste derrière le plateau du grand Bornand déjà couvert de verdure .

Apres Cotagne direction la tête à Turpin , coup d’œil sur le lac d’Annecy à ma gauche , le Lachat de Thônes à droite , je continu , bien dans le timing vers le Parmelan, ma deuxième balise ;

il est 13 h ; 50 bornes au compteur …et le plus important , profiter de la vue sur le plateau du Parmelan , le lac d’Annecy, et tout ce coin que je connais bien .

Arrivé Parmelan , ça devient dure , il y a pourtant un beau nuage vers 2800, mais je perds 40 min à le chercher…sans le trouver , et je ne tiens pas à prendre le risque de partir à moins de 2200 m. Patience, il faut tout de même raccrocher soit le Veyrier , soit les dents de Lanfon de préférence en face sud…et ça fait loin .

Je pars vers 2400 , ça doit suffire pour raccrocher vers la face nord des dents de Lanfon , la brise de nord, balayant le lac, doit pousser les thermiques vers les pentes couvertes de forêts.

En trois thermiques, je refais les dents de Lanfon d’abord difficilement en décalant vers Planfait puis beaucoup mieux à +6. 2400 m au plaf, je vais pouvoir manger, boire, et plus …en passant au dessus du lac. je suis tranquille, au frais, et je profite du panorama, c’est chouette le parapente .

J’en profite pour faire le point, 14 h 20 , 60-70 bornes, ça roule .
J’attaque une des parties les plus faciles , la traversé des Bauges, 1h pour 30 bornes de plus, de très bons thermiques sur le roc des bœufs, 2 ou 3 pour monter à 2500 m , puis le Margeriaz où je fais mon meilleurs plafond vers 3150m. Le lac D’Annecy est loin derrière, toute la Vanoise enneigée, à ma gauche, et dessous le vert tendre des feuillus mélangé au vert bien foncé des conifères sur les pentes, sous les rochers, joli tableau impressionniste …

Les choses sérieuses commencent : le timing est toujours bon. Je n’ai pas besoin de partir rejoindre le grand arc à l’entrée de la Maurienne, je vais donc aller faire un tour en Chartreuse.

Le passage est difficile, par le fameux pas de la fosse, en très basse couche, sur les lignes électriques, et bien couverts de foret surtout dans le fond !

En fait une impasse où nous pousse la brise qui du coup ne facilite pas le retour, si besoin est, pour en sortir.
Il parait que ça sort assez bien par le haut, et je sais qu’en cas de problème il y a bien quelques près entre les lignes et les arbres…

Départ donc de 3150 m pour assurer la longue transition de 30 min vers la chartreuse, on trouve ça presque un peu long, une fois admiré le paysage, le lac du Bourget , manger encore un peu …et évaluer les difficultés à venir, qui ne cesse de se rapprocher.

Pas de la fosse, arrivé bien bas vers 950 m , 100 m au dessus de la toute petite crête qui mène au mont Joigny en Chartreuse , ça avance bien en dynamique, c’est déjà ça , je passe tout juste les lignes, pour me jeter tout au fond sur les arbres, bien bas . J’ai rattrapé tous les premiers qui y ont passé 3 mauvais quarts d’heure ! En fait le sud météo nous met sous le vent à cet endroit, c’est à prévoir pour une autre fois.

Ça ne monte pas, j’examine les prés en dessous, rares et en plus au vent, encore un peu plus quand je prend un -2 que je trouve bien long …

Je me bas le long des arbres dans du 0 à la recherche du thermique qui me permettra de sortir du pas de la fosse …aux lions. ils doivent être bien agressifs vu la taille des clôtures électriques à 300 000 volts… !

Apres de longues minutes j’en ressors dans un bon thermique qui me monte au nuages vers 2500 m, j’ai eu de la chance je n’aurai perdu que 20 minutes .

J’ai assez perdu de temps et d’énergie, je sais qu’un peu plus loin en Chartreuse s’ouvre la porte des 200 kms, mais là il est 16 h 30, et je ne connais pas le retour .

Guy Para m’a dit que le 200 pouvait se faire pas les 7 laux, c’est à voir.

Passage vers le Granier sous mon nuage, formalité, départ pour le St genis à un peu plus de 2500 m

Sans doute un peu de fatigue du au passage difficile juste avant , peut-être les 130 bornes et 6 h 30 de vol , en tout cas je négocie mal le thermique de St genis , commence à chercher les atterros possible .. ; et me reprends à 200 m sol , il en faudra plus pour m’arrêter..

Je ne fait pas mieux que 1700, c’est bien juste pour passer sur le crêt du Poulet, contrefort de Belledonne, mais le temps passe et il faut avancer ; j’y fais un petit 2000, j’avance un peu vers les 7 laux, je ne trouve rien et ça descend encore, ça commence à craindre, les 200 kms ne seront décidément pas pour aujourd’hui…déjà boucler ce serait bien . Les thermiques sont de plus en plus faible depuis le St genis .

Il y a pourtant un beau nuage bien sombre sur les grands moulins, au-dessus de fond de France, cette impasse où on a pas trop envie de poser et de faire du stop.

Je pars zoner en face vers 1800, histoire de voir si j’y trouve quelques chose. +2 +3 , ça remonte doucement , quelques minutes plus tard les affaires reprennent . +6 +8 , direct à 3000 au nuages .

Il s’agit maintenant de trouver le passage vers la grande Lauziere, qui doit être beaucoup plus au sud, au bout du massif.

Je survole cette plage de désert blanc, en bordure de cet océan de verdure, collé aux nuages, d’un coté la vallée accueillante, pleine de vie, de l’autre cet alignement disparates de sommets magnifiques dans leur écrin de neige, où les nuages poussés par le vent de sud, laisse courir leurs ombres.

Je longe tous les hauts sommets de Belledonne sud, Puit Gris, pointe de Gleyzin pics du Frene , grand Moulins ….55- 60 km/h sans trop perdre, il y a toujours un peu de sud , et cette fois ci je l’ai dans le dos… !

Il y a pas mal d’ailes en train de se refaire sur les épaules intermédiaires tout en herbes prolongeant chaque sommet vers l’ouest.

Je reconnais le passage vu sur une trace gps après la pointe du rogné, c’est là qu’il faut tourner à droite et quitter Belledonne ; c’est une arête descend vers l’est, resserrant la vallée de la Maurienne, avec une autre arête en face, qui remonte vers la Lauziere.

Je pars traverser la vallée vers 2300 m arrive en face vers 1500m , remonté en dynamiques et thermique, il est environ 18h 45, il ne faut pas trop traîner …

Ça remonte bien, je rejoint une fois de plus les pics enneigés et les gros névés qui couvrent toutes les pentes, comme autant de glaciers, maintenant ça ne donne plus trop, pas moyen de passer les crêtes juste sous le nuage, brusquement un +6 m’y envois , mais je rentre dedans et décide d’en ressortir pour passer sereinement les sommets de granites .

Encore une fois je suis trop bas, ça ne monte plus, et en plus les plafonds descendent et commencent à prendre les plus hauts pics ; bientôt le passage sera fermé… !

Cependant, à force de gratter je finis par passer un petit col avec tout juste 50 m de gaz , Jacques fournier m’a prévenu , derrière ça descend fort . Je serai prudent !

Effectivement ça attaque fort -4 -6 qui durent , ; en dessous une belle ligne électrique, je crois qu’a certains moments je n’avait pas la finesse de la passer, je pousse parfois au premier barreau pour en sortir, ça secoue, je relâche, puis c’est la voile qui n’aime pas, grosse frontale bien massive , voile devant , je la tiens , heureusement la descente vertigineuse se calme enfin et je retrouve un peu de finesse .

Bilans -100 m/min , pendant 5 min …bons, je suis à peine à 2000 su la petite crête de Valmorel .
Moutier est en vue, 19h 15 , toute la crête est à l’ombre , plus rien ne monte. Des voiles vont se poser près du village, serait ce la fin du vol ?

Bon et bien avant d’aller poser, je vais aller faire un tour sur le bas de la les pentes bien faibles de l’arête suivante, appelée crève tête, ça tient un peu, quelques aller et retour, ne donne rien , je pars faire un tour plus au nord, voir si la brise de la tarentaise peut m’aider.

Je finis dans du petit par refaire 200 m et part sur la crête de frissons , ça peut le faire en dynamique, peut-être…mais à 19h 30 je ne sais pas , suis jamais passé par là !

Ça remonte, bien péniblement au début, doutes…, puis +1 +2 établis, en longeant la crête vers Aime , pour passer le verrou imposable de Moutier.

L’atterro est en vue , dernière inquiétude , si il y a une forte brise decrescendante je ne sais pas si je boucle , je ne sais pas si il y a un risque de se faire reculer dans les gorges . J’avances en assurant toujours un posé possible sur le plateau.

Voilà autre chose, ça boucle, le soleil est couché derrière les montagnes, ça bouge et ça ne descend pas , +6 !…balade dans le coin , en radio , avec ceux qui ont déjà bouclé .

Exercice de 3 6 , en regardant les près du coins, la tension est tombé , je vais poser .

J’ai volé un peu moins de 10 h , bon, pas mal , mesure faites 187 km en quadrilatère , 180 en triangle FAI .super beau … à améliorer !

Stephane Drouin battu le record du monde (vitesse sur 200 km),qu’il était venu chercher sur ce parcourt qui débute à coté de chez lui.

Ce vol m’aura apporté de voir, au fil des heures et des km. une somme et une diversité de paysages que je n’avais pas admirer depuis bien longtemps,

Toujours ce plaisir renouvelé du vol en montagne avec cette succession de contraste dans l’alternance des basses couches où règnent les verts des alpages et des forets, puis, le granite couvert du blanc étincelant de la neige au soleil…

Et toutes ces aventures, faites de points bas et de rebondissements durant le vol, où chaque fois qu’un début de résignation pointe à l’esprit, un thermique bien travaillé, ou un bon dynamique, permettent de repartir, pour parvenir au but …en fait atteint tout au long du vol , par celui, constant, d’être dans le ciel , et de voler …

Rémi Brun

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