Beaumont : un vol sans bornes (et des poussières) “FLASHBACK”

par | 30 Mar 2006 | Cross | 0 commentaires

Samedi 30 Avril 2005.
Beaumont : un vol sans bornes (et des poussières).


Après quelques flottements yahooesques sur le choix du décollage (Gresse ou bien les Richards ? Ou bien Gresse, ou bien les Richards…), nous voici à 9h au RV de Comboire où une avalanche de pilotes se sont donnés RV. Je n’ai pas compté, mais nous étions au moins une bonne quinzaine, dont 7 membres du CHVD y compris notre dévoué navetteur (merci Lionel) prêts à porter haut et loin les couleurs du club.

Etaient donc décidés à payer généreusement de leur personne :

 Jean-François

 Simon-Pierre

 Jean-Pierre

 Rémi

 Jac

 Lionel

 et moi même.

Nous nous concertons pour la décision finale :

— La météo : léger SO, instabilité : bonne, plafs : suffisamment.

— Nous : Alors, Gresse ou les Richards ?

— Re-nous : Les Richards c’est pas trop mal…

— Remi : J’ai volé la semaine dernière avec des potes en partant de Beaumont (Serres) et ils ont fait 200 bornes. Moi je suis motivé pour aller à Beaumont.

— …

— …

— Re-Rémi : si, si c’est bien Beaumont… je connais le cheminement et à part un ou deux passages un peu délicats, avec une journée comme celle qui s’annonce, ça le fera sans problème.

— Re-re-nous ( à part Rémi, personne ne connaît Beaumont) : Bon, et bien si tu le dis, mais les Richards c’est bien aussi…

— Moi : je ne connais ni les Richards, ni Beaumont, donc les 2 me conviennent parfaitement.

Après une cogitation aussi intense que collective et fructueuse, il s’avère que nous sommes avec quelqu’un qui est motivé parce qu’il a volé la semaine dernière avec quelqu’un qui a fait 200 bornes en partant de là-bas. Ca c’est motivant…

…donc feu sur Beaumont pour nous, et nous laissons le Serpaton au GUC, nettement moins ambitieux 🙂

On récupère Laurent au passage à Serres et nous arrivons au décollage, 1450m, vers 11h30 (?), après une montée jamais vue de mémoire d’amortisseurs…

Là, nous retrouvons Jean-Claude ce qui porte à sept plus Lionel le nombre des valeureux Hommes Volants du Dauphiné candidats à la migration vers le nord.

On visite le déco tout en discutant chiffon, plafonds, cheminement, …, et on se restaure en prévision d’un long après-midi de vol.

Pendant ce temps-là j’apprends par coeur les deux couleurs de la voile de Rémi parce que je suis complètement paumé : je n’ai jamais volé dans ces contrées sauvages et reculées où l’aventure vous attend à chaque détours de virage. Euh, là je m’égare…, mais la profusion de reliefs à traverser me laisse quelque peu perplexe. Promis, Rémi je ne vais pas te lâcher les basques tant que je ne saurai pas où je suis.

12h30 Rémi ouvre le bal. 12h50, je suis le dernier à décoller. Si tant est que l’on puisse appeler ça décoller : ça commence bien.

Premier thermique sur la crête de l’Eyglière, à l’antenne pour ceux qui ne suivent pas. (facile j’ai la carte sous les yeux.)
Première baffe à 2000 dans le thermique (il y en aura d’autres). Bon, se souvenir… pas de surpilotage. J’ai déjà donné avec la Magic et ça l’avait mise d’assez mauvaise humeur. Là, ça va mieux comme ça… Tout doux la bête… Suffit de lui causer gentiment.
En emmenant l’appareil photo, j’étais à peu près sûr de l’emmener pour rien. Mon impression vient de se confirmer.

[Insérer ici une photo de votre choix, verticale l’Eyglière]

Rémi a dit “2200 ça passe pour la première transition sur l’Aiguille, et si ça ne passe pas, refaites un plein sur la montagne de Chauvet, à mi chemin”.
Je n’aime pas les haltes intermédiaires donc, encore un petit effort et départ 2300.
Je raccroche l’Aiguille à 1130 et zérote quelques minutes le temps de trouver un thermique suffisamment organisé, généreusement indiqué par Jean François qui vient de me rejoindre et dont je resors (du thermique, hein) à 2100. Entre temps, j’apprends que c’est l’hécatombe en bas. Dommage.
Un petit détour inopiné sous un cum en formation pour gratter ce qu’il y a à gratter au passage et en route pour le col de Cabre.
Quelques tours dans les thermiques rencontrés me permettent de rester haut (au dessus de 1900) et d’arriver confortablement à l’entrée du col de Cabre à 1950 où un bon thermique me hisse à 2400.

Toujours aussi paumé, je cherche une Oméga6 jaune dans le ciel et hop, direction le col du Gaud et Luzet où un joli nuage m’attend. Tandis que j’enroule je vois Jean-François en perdition au dessus de Beaurière. Nous ne sommes plus que deux en vol. Il va falloir assurer.

( Note pour Jean François : en comparant les deux traces, je pense que c’est là qu’est la différence que tu cherchais : en visant la zone active du nuage, je suis allé trouver le thermique, décalé par la composante ouest, un peu plus à l’Est que toi. )

Donc, montée à 2800 où je ne fais pas le plafond car l’ennuagement me donne confiance pour la suite et j’arrive à 2100 au Quigouret. Là, faut pas se gourrer (bon, oui, je sais…) et je continue sur Toussière où je remonte à 2350 avant de traverser le col de Lus puis le col de Grimone dans un seul élan (merci le sud) pour arriver sur le Jocou où un bon 3.5m/s moyen me passe au dessus des 3000.

Heu, là j’ai peine à le dire, mais je ne suis toujours pas sûr de savoir où est le Vercors avec tous ces reliefs qui poussent partout. Par contre j’ai toujours Rémi dans ma ligne de mire donc tout va bien.
A l’extrémité nord du Jocou (mont Barral) je remonte à 2400 avant de transiter sur les avant reliefs (sommet de Charbonnier) où je remonte à 2650 et où là, miracle, je reconnais enfin le mont Aiguille (mais où avais-je la tête?). Maintenant que je suis sûr de la route à suivre, je suis soulagé d’un grand poids et mon taux de chute s’en ressent.

Mon objectif est maintenant la combe sud aux Deux Soeurs et je travaille donc le thermique que Rémi néglige en arrivant sur les plateaux de Gresse. Je le quitte à 2700 accroché sous la rue de nuages et poussé par le météo. En dessous Rémi me parait bien bas, alors qu’une transition directe m’amène sur les faces convoitées à 1800 où un 4m/s me remonte à 3000. Il finira sur les faces Est, par le bas. A cette heure là ça ne pardonne pas.

En route pour le Moucherotte par les faces Ouest. Il est 15h30, ça fait un bout de temps que je vole dos au soleil, à l’ombre des nuages, et je commence à ressentir un peu les effets du froid.
Au Cornafion je remonte une nouvelle fois de 2200 à 2800, puis enfin, quitte le Moucherotte à 16h et 2800m en direction du Rachais où j’arrive à 1400.
Là je remonte, on ne s’en lasse pas, à 2000 pour arriver enfin à 2200 au fort du St Eynard.
Ensuite, tout droit, 2000 à Manival, 2200 à la sortie de la combe, et 2100 sur les faces sud de la dent où je ne trouve rien de rien (non je ne regr…).
En toute logique, les faces Est, à l’ombre depuis longtemps (il est 16h45), me remontent à 2570 et je bascule en ouest aux Lances de Mallissard, dont je suis les crêtes jusqu’au cirque de St Même.
Là, la perspective de poser chez moi, le froid, la présence d’un beau nuage au dessus du Grand Som, celle d’un planeur en train d’enrouler, et l’absence de nuages jusqu’au Granier ainsi que celle totale de jugement après 4h15 de vol m’ont fait tenter de forcer le passage à St Pierre d’Entremont pour ressortir à la Ruchère. Grande idée qui m’a valu de me heurter à un mur, somme toute prévisible, et de me poser à St Pierre d’Entremont dans un endroit merdique au possible après 4h30 d’un vol, heu… magnifique. (voir les photos… 🙂

Je me suis finalement consolé en allant me ruiner dans la fromagerie du village : chacun son péché mignon, moi je n’aime pas le chocolat.
J’aurais bien pris du beurre aussi, mais, redescendant en stop, en plein cagnard je n’ai pas osé.

Conclusion : 117 km à vol d’oiseau, 125km en comptant les points de contournement, premier 100 bornes et le tout au départ d’un site inconnu auparavent. Ca s’arrose!

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